Actualité

Passoires thermiques : une solution technique ou une illusion de progrès

Retour à l'accueilPublié le Publié le 06 Août 2025
Passoires thermiques : une solution technique ou une illusion de progrès

Un changement dans la méthode de calcul du DPE

À partir de janvier 2026, la manière de déterminer la performance énergétique des logements alimentés à l’électricité va être modifiée. Le gouvernement prévoit en effet de revoir à la baisse le coefficient de conversion de l’électricité utilisé dans le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE), le faisant passer de 2,3 à 1,9. Présentée comme une harmonisation avec les préconisations européennes, cette évolution technique fait suite à un précédent ajustement de 2020 lié à la part croissante de l’électricité renouvelable dans le mix énergétique français.

Des impacts immédiats sur le classement des logements

Si ce changement paraît avant tout administratif, ses répercussions pour les propriétaires et locataires sont très concrètes. En réduisant ce coefficient, de nombreux logements chauffés à l’électricité vont automatiquement bénéficier d’une meilleure note DPE, sans nécessiter aucun travaux d’isolation ou de rénovation. On estime qu’environ 850 000 biens immobiliers pourraient ainsi cesser d’être classés “passoires thermiques” uniquement grâce à cette modification de calcul.

Cette évolution soulève plusieurs questions :

  • Des progrès énergétiques pourraient être artificiellement attribués à des logements simplement par l’ajustement du mode de calcul.
  • Le recours à l’électricité pourrait se voir renforcé au détriment de solutions hybrides ou complémentaires comme les pompes à chaleur mixtes, le biogaz ou les réseaux de chaleur.
  • L’indicateur DPE risquerait de s’éloigner de la réalité du terrain, notamment des factures d’énergie finales que les ménages continuent à payer.
  • Pour les investisseurs et bailleurs, une évolution de la classe énergétique sans effort réel pourrait décourager les projets de rénovation, alors même que la dynamique de transformation du parc immobilier vient de s’amorcer.

Une préoccupation pour les professionnels et la filière bâtiment

Dans ce contexte, de nombreux experts du secteur, dont les membres de la CAPEB, expriment leur inquiétude face à cette évolution réglementaire. Les artisans et entreprises engagés dans des rénovations performantes risquent d’être pénalisés, car leurs interventions deviendront moins visibles ou moins prioritaires pour une partie du parc immobilier.

Le changement de référentiel pourrait également générer de la confusion chez les ménages, qui ne sauraient plus à quoi se référer pour entreprendre ou non des travaux d’amélioration. Enfin, le ralentissement des rénovations doit inquiéter au regard des ambitions nationales de décarbonation fixées par la Stratégie Nationale Bas Carbone.

Pour une rénovation énergétique juste et efficace

La rénovation des logements suppose des repères stables, objectifs et pertinents. Les outils de mesure réglementaires doivent rester cohérents pour encourager des travaux réels et utiles, et non se limiter à optimiser des classements sur le papier. Une réflexion approfondie paraît donc nécessaire pour garantir la crédibilité du DPE, la confiance des particuliers et l’efficacité des politiques publiques en faveur de la transition énergétique.

Malgré ces incertitudes, les professionnels engagés dans l’accompagnement à la rénovation continuent d’assurer leur mission d’information, de conseil et de pédagogie. Il est plus que jamais essentiel de veiller à ne pas troquer la qualité réelle des logements pour de simples ajustements réglementaires.

En savoir plus sur les diagnostics immobiliers obligatoires

Vous voulez tout savoir sur les diagnostics immobiliers obligatoires ?